PERNAMBOUC synopsis
C'est une histoire de pirates, de boucaniers, qui sent la pourriture, les dents avariées et la chair brûlée par les tirs de pétoire à bout portant. Pernambouc, c'est l'état des pirates, l'île de la tortue, le recife, cette vilaine pierre à laquelle les filibustiers attachaient leurs bateaux. L'histoire se passe em 3 actes, qui sont trois passages de la vie de trois personnes. Comme dans le Songe de Scipion, elles vivent à 3 époques différentes, sauf qu'elles ne se connaissent pas, ne savent pas que les autres ont existé. L'histoire se déroule comme dans Lola rennt, on dirait 3 fois exactement la même histoire, sauf que un petit élément provient de la vie du précédent et crée une distortion qui change complètement le cours de la vie du suivant. Les 3 vies sont incroyablement identiques, on dirait une réincarnation, c'est d'ailleurs l'idée qui devrait être passée, sans la dire. Chacun de ces 3 hommes est un pirate, un être de peu de scrupules, malin et rusé, qui s'est toujours tiré de tous les coups fourrés. Sa vie de “chien de rue” l'a rendu fort, et il la toujours conduit sa vie avec son propre intérêt em ligne de mire, et cette stratégie a été très payante, et il s'est peu à peu construit une position et un pouvoir sur son entourage conséquent. Au faîte de sa force, chacun d'eux se trouve un jour confronté à son bourreau, et la rencontre est une agression physique violente. Il em réchappe, mais cette fois plus par sa ruse, mais par une chose simple et implacable, une chance de cocu. Cette chance est le déclic qui fait basculer l'histoire sur la vie suivante. Le premier homme est un véritable pirate du XVIeme siècle, un boucanier, un gros barbu puant aux dents pourries par le scorbut. Son agression physique est une terrible opération chirurgicale, à la suite d'un combat em mer, à même le pont. Une boucherie, à vif, vaguement aseptisée à la gnôle. La gangrène et les fièvres s'installent immédiatement. L'homme s'en tire par miracle, parce qu'il est capturé par les anglais, qui disposent d'hygiène et soins bien meilleurs. Le second est un pirate du XIXeme siècle, un Lampião, parcourant la caatinga, violant, raptant, buvant et dansant le forró. Un jour il est capturé, dénoncé par son fidèle bras droit et ami, et torturé par la société entière, par l'intermédiaire des gardiens de prison. On sent que son châtiment est bien plus fort que son crime, on sent le fiel de la vangeance d'une population dont il s'est moqué abondamment. Il s'en sort par miracle, parce qu'on découvre qu'il est le fils bâtard d'un anglais fameux radié aux amériques. Le troisième est un pirate contemporain, un européen, un anglais, vivant sur le dos du Nordeste, par l'exploitation immobilière, l'abus de confiance et corruption, les réseaux de prostitution ou un mélange de tout cela. Il est riche et se vautre dans un univers de bordels de luxe, de banquiers véreux et de restaurants. Son agression à lui est une véritable agression, qui se prolonge et tourne mal, il est perdu dans un quartier qu'il a aidé à transformer em favela. Il s'en sort lui aussi par miracle. Les trois vies sont une copie exacte l'une de l'autre, jusqu'au moindre détail. L'intérêt vient non pas du fait que l'intrigue est différente mais qu'elle est complêtement identique, la troisième fois on se rend parfaitement compte de ce qui va arriver et la sensation de destin inévitable devient suffoquante. À l'arrière-plan, ce même destin tisse ses fils. On voit des choses qui apparaîssent dans la première histoire et se développent dans les deux autres. De nombreux éléments naviguent à travers les trois histoires (par exemple les anglais). Ces éléments ne sont pas attachés aux 3 vies et s'insinuent à leur gré à travers le tout. (Par exemple un “meilleur ami”? Une femme? Dont le caractère évoluerait dans les trois phases? Des endroits? La dégradation de la ville?) L'histoire se termine sur l'intuition pénétrante du troisième homme que tout ce qui lui est arrivé est lié à quelque chose qui n'est pas lui, mais qu'il n'arrive pas à concevoir. L'histoire se passe au Pernambuco, à Recife peut-être, mais il est peut-être presque mieux que ça ne soit pas dit en toutes lettres, l'environnement n'intervenant que très subtilement, mélangé entre les fils du destin. |